L’acquisition d’un bien immobilier représente souvent un investissement majeur dans une vie. Mais lorsque plusieurs personnes décident d’acheter ensemble, elles se retrouvent face à une situation juridique particulière : l’indivision immobilière. Comprendre ce mécanisme est essentiel pour éviter les conflits et gérer sereinement son patrimoine.
Définition de l’indivision immobilière
Un bien immobilier en indivision est un bien détenu simultanément par plusieurs personnes, appelées indivisaires ou copropriétaires indivis. Contrairement à la copropriété classique où chacun possède un lot privatif distinct, l’indivision signifie que chaque propriétaire détient une quote-part du bien dans son ensemble, sans qu’aucune partie ne lui soit exclusivement attribuée.
Cette situation survient fréquemment lors d’un héritage, d’un achat en commun entre concubins, entre amis, ou dans le cadre d’un investissement familial. Chaque indivisaire possède alors un pourcentage du bien, exprimé en fraction (1/2, 1/3, 1/4, etc.), qui correspond à sa part de propriété.
Les différentes situations créant une indivision

L’indivision peut naître de plusieurs circonstances. La plus fréquente est la succession, lorsque plusieurs héritiers reçoivent conjointement un bien immobilier. Dans ce cas, tous deviennent automatiquement copropriétaires indivis jusqu’à ce qu’un partage soit effectué.
L’achat en commun constitue une autre source d’indivision. Des concubins, des amis ou des membres d’une même famille peuvent décider d’acquérir ensemble une résidence principale, secondaire ou un bien locatif. La dissolution d’un PACS ou une séparation entre concubins peut également maintenir les ex-partenaires en indivision s’ils ne procèdent pas immédiatement au partage. Découvrez tout ce qu’il faut savoir en suivant ce lien.
Les règles de gestion d’un bien indivis
La gestion quotidienne d’un bien en indivision obéit à des règles strictes définies par le Code civil. Les actes conservatoires, destinés à préserver le bien (réparations urgentes, paiement des charges), peuvent être décidés par un seul indivisaire sans l’accord des autres.
Les actes d’administration, comme la conclusion d’un bail d’habitation ou la réalisation de travaux d’entretien courant, nécessitent l’accord des indivisaires représentant au moins les deux tiers des parts. Cette règle de la majorité des deux tiers s’applique également pour les décisions de gestion courante.
En revanche, les actes de disposition qui engagent durablement le bien, comme la vente, l’hypothèque ou les donations, exigent l’unanimité de tous les indivisaires. Un seul copropriétaire peut donc bloquer une vente s’il s’y oppose.
Les droits et obligations des indivisaires
Chaque indivisaire dispose de droits spécifiques sur le bien indivis. Il peut occuper le bien s’il s’agit d’une résidence, mais doit alors verser une indemnité d’occupation aux autres copropriétaires si son usage est exclusif. Il peut également louer sa quote-part, bien que cette démarche soit complexe dans la pratique.
Les obligations sont tout aussi importantes. Tous les indivisaires doivent contribuer aux charges et dépenses du bien proportionnellement à leurs parts respectives. Cela inclut la taxe foncière, les travaux d’entretien, les assurances et les éventuels remboursements d’emprunt.
Le droit de provoquer le partage constitue un principe fondamental : nul ne peut être contraint de rester en indivision. Tout indivisaire peut donc demander à sortir de l’indivision à tout moment, sauf en présence d’une convention d’indivision qui organise et stabilise la situation pour une durée déterminée.
Comment sortir de l’indivision ?
Plusieurs solutions permettent de mettre fin à une indivision. Le partage amiable reste la solution idéale : les indivisaires se mettent d’accord pour vendre le bien et partager le produit de la vente, ou pour que l’un d’eux rachète les parts des autres.
En cas de désaccord, le partage judiciaire s’impose. Un indivisaire peut saisir le tribunal pour demander la vente du bien aux enchères publiques ou sa licitation. Cette procédure, souvent longue et coûteuse, constitue néanmoins une garantie de pouvoir sortir de l’indivision.
La donation-partage ou la vente de sa quote-part à un tiers représentent d’autres alternatives, bien que cette dernière option reste peu utilisée en raison du droit de préemption dont bénéficient les autres indivisaires.
L’indivision immobilière, bien que courante, demeure une situation juridique complexe nécessitant une bonne compréhension des règles applicables. Anticiper les difficultés en établissant une convention d’indivision et maintenir un dialogue constructif entre copropriétaires constituent les clés d’une gestion sereine du patrimoine commun.