Lors de la vente d’un bien en copropriété, la loi Carrez impose au vendeur de mentionner la superficie privative du lot dans l’acte de vente. Mais qui doit effectuer ce mesurage ? Le propriétaire peut-il le faire lui-même ou doit-il faire appel à un professionnel ? Quelles sont les conséquences d’une erreur de calcul ? Découvrons ensemble les réponses à ces questions essentielles.
Qu’est-ce que la loi Carrez ?
La loi Carrez, entrée en vigueur le 18 décembre 1996, vise à protéger les acquéreurs de lots en copropriété en garantissant la transparence sur la surface réelle du bien. Elle impose au vendeur de mentionner précisément la superficie privative dans tous les documents de vente, de la promesse à l’acte authentique.
Cette obligation concerne uniquement les lots de copropriété d’une surface d’au moins 8 m², qu’il s’agisse d’appartements, de locaux commerciaux ou de parkings couverts. En revanche, les maisons individuelles et les terrains ne sont pas soumis à cette mesure. L’objectif est simple : éviter les litiges et permettre aux acheteurs de connaître exactement ce qu’ils acquièrent.
Le calcul de la surface Carrez prend en compte les planchers des locaux clos et couverts, après déduction des surfaces occupées par les murs, cloisons, marches, cages d’escalier, gaines et embrasures de portes et fenêtres. Seules les parties dont la hauteur sous plafond est supérieure ou égale à 1,80 mètre sont comptabilisées.
Le vendeur peut-il réaliser le mesurage lui-même ?

Légalement, aucun texte n’oblige le vendeur à faire appel à un professionnel pour effectuer le mesurage Carrez. Le propriétaire peut donc tout à fait réaliser lui-même les mesures de son bien et indiquer la superficie dans l’acte de vente. Cette liberté s’explique par le fait que la loi se concentre sur l’obligation de mentionner la surface, non sur les modalités de son calcul.
Cependant, cette option comporte des risques importants. Le mesurage Carrez nécessite une connaissance précise des règles de calcul, notamment concernant les déductions à effectuer et les zones à inclure ou exclure. Une erreur, même minime, peut avoir des conséquences financières significatives pour le vendeur.
De plus, réaliser soi-même le mesurage implique d’assumer seul la responsabilité en cas d’inexactitude. Sans attestation d’un professionnel, le vendeur ne bénéficie d’aucune couverture en cas de litige avec l’acquéreur. Pour ces raisons, la plupart des vendeurs préfèrent déléguer cette tâche à un expert qualifié. Cliquez ici pour découvrir ce sujet.
Les professionnels habilités au diagnostic Carrez
Bien que non obligatoire, le recours à un professionnel certifié est vivement recommandé. Plusieurs experts peuvent réaliser un diagnostic Carrez :
Les diagnostiqueurs immobiliers certifiés constituent le choix le plus courant. Ces professionnels disposent d’une certification délivrée par des organismes accrédités et sont spécifiquement formés aux techniques de mesurage. Ils sont également couverts par une assurance responsabilité civile professionnelle qui protège le vendeur en cas d’erreur.
Les géomètres-experts peuvent également effectuer ce mesurage. Leur formation approfondie en topographie et en mesurage foncier leur confère une expertise reconnue. Ils interviennent particulièrement pour les biens complexes ou atypiques nécessitant une analyse technique poussée.
Les architectes sont aussi habilités à réaliser des mesurages Carrez, bien qu’ils interviennent moins fréquemment dans ce domaine. Leur connaissance des plans et de la réglementation en fait néanmoins des professionnels compétents pour cette mission.
Enfin, certains notaires proposent ce service directement, souvent dans le cadre d’un pack diagnostics complet. Cette solution offre l’avantage de centraliser les démarches auprès d’un seul interlocuteur.
Le coût d’un diagnostic Carrez
Le prix d’un mesurage Carrez varie en fonction de plusieurs facteurs : la surface du bien, sa complexité architecturale, sa localisation géographique et le professionnel choisi. En moyenne, il faut compter entre 70 et 150 euros pour un appartement standard.
Pour un studio ou un deux-pièces, le tarif se situe généralement entre 70 et 100 euros. Un appartement de trois ou quatre pièces coûtera plutôt entre 100 et 130 euros. Les grands appartements ou les configurations complexes avec mezzanines, soupentes ou combles aménagés peuvent atteindre 150 à 200 euros.
Il est intéressant de noter que les diagnostiqueurs proposent souvent des tarifs groupés lorsque le mesurage Carrez est réalisé en même temps que d’autres diagnostics obligatoires (DPE, amiante, plomb, etc.). Cette formule permet de réaliser des économies substantielles sur l’ensemble du dossier de diagnostics techniques.
La validité du diagnostic Carrez est illimitée tant que le bien ne fait l’objet d’aucune modification structurelle. Seuls des travaux affectant la surface (abattement de cloisons, aménagement de combles, création d’une mezzanine) obligent à renouveler le mesurage.
Les conséquences d’une erreur de mesurage
Une erreur dans le calcul de la surface Carrez peut avoir des répercussions importantes. Si la superficie réelle s’avère inférieure de plus de 5% à celle mentionnée dans l’acte de vente, l’acquéreur dispose d’un délai d’un an à compter de la signature pour demander une diminution du prix de vente proportionnelle à la différence constatée.
Par exemple, si un appartement vendu pour 300 000 euros avec une surface annoncée de 60 m² ne mesure en réalité que 56 m² (soit une différence de 6,67%), l’acheteur peut exiger un remboursement d’environ 20 000 euros. Cette action en diminution de prix ne peut pas aboutir à l’annulation de la vente, mais elle impacte directement les finances du vendeur.
Si aucune surface n’est mentionnée dans l’acte, l’acquéreur peut demander la nullité de la vente dans le même délai d’un an. Cette sanction beaucoup plus lourde souligne l’importance de respecter scrupuleusement l’obligation d’information.
Lorsque le mesurage a été confié à un professionnel certifié, c’est son assurance qui prend en charge l’indemnisation en cas d’erreur. Le vendeur est ainsi protégé financièrement, ce qui constitue un argument majeur en faveur du recours à un expert.
Si la loi autorise le vendeur à réaliser lui-même le mesurage Carrez, faire appel à un diagnostiqueur certifié reste la solution la plus sûre et la plus sage. Pour un investissement modéré, le propriétaire sécurise sa transaction et se prémunit contre tout risque de litige ultérieur. Dans un marché immobilier où la transparence est devenue essentielle, le diagnostic Carrez professionnel constitue un gage de sérieux apprécié des acquéreurs.